qu'est-ce qu' une afghan box ?

C’est une chambre photographique grand format avec une chambre noire à l’intérieur. Cela permet de prendre des photos argentiques en noir et blanc et d’obtenir un tirage 10×15 cm, en 15 mn environ. Elle a différents noms selon les pays ; afghan box, chambre de rue, street box, minuteros, kamra-e-faoree, lambé lambé, chambre gabonaise, cuban polaroïd …

comment cela sa passe ?

A l’intérieur, il y a une plaque de focalisation avec laquelle on règle la mise au point, puis une fois celle-ci faite on place le négatif qui dans le cas présent est un papier photo. Lorsque la photo est prise il faut développer le négatif. Tout se fait à l’intérieur de la boite à l’abri de la lumière. Ensuite on reprend en photo le tirage négatif que l’on développe et on obtient ainsi un tirage positif. +

pourquoi y-a-t-il un manchon ?

Ce manchon permet de mettre le papier, de le retirer et de le développer à l’abri de la lumière.

pourquoi tu n'as pas de tirage positif ?

Parce que j’ai fait le choix de ne pas installer un système de repro devant. Une fois le négatif papier obtenu je le prends en photo avec mon iphone et ensuite je le passe en mode négatif, je peux ainsi voir immédiatement l’image positive. Quand les tirages négatifs sont secs je les scanne et les traite sur mon ordinateur. L’alliance parfaite du passé et du présent !

pourquoi ne peut-on faire que des photos en noir et blanc ?

La chimie de la photographie couleur n’est pas possible dans ces conditions, en effet cela nécessite des bains à des températures très précises.

pourquoi l'as-tu-appelée Marceline ?

En souvenir de ma grand-mère maternelle. Quand j’ai construit ma première afghan box je me suis servie d’un bottin que j’ai trouvé chez elle. Je suis sûre qu’elle sourit en regardant, d’où elle se trouve maintenant, sa petite-fille faire de la photographie ainsi.

pourquoi tes photos ne sont-elles pas toujours  très nettes ?

Cela peut être du flou de bouger ou de mise au point. Pour le premier, le temps de pose du modèle peut varier de 1 à 20 secondes. Le négatif étant un papier photo sa sensibilité est très très faible, 4 iso. Pour exemple sur ma cellule cette sensibilité n’existe même pas ! Cela réduit la profondeur de champs. Pour le second une fois le papier mis je ne peux plus vérifier la mise au point qui a été faite au début. Généralement je mesure la distance entre le modèle et l’optique, mais si la personne bouge je ne peux rien faire…

pourquoi utilises-tu des tissus africains comme fond ?

Un, parceque j’ai une véritable passion pour les imprimés et en l’occurrence les Wax. J’aime l’exubérance, l’énergie que ces tissus dégagent. Et deux, je suis une grande admiratrice des portraits de Seydou Keïta, photographe malien.

quel est l’interêt de faire des photos avec une afghan box au 21 ème siècle?

Obtenir un négatif de 10x15cm en 15 mn avec un outil aussi rudimentaire et primitif c’est tout simplement incroyable.
Et l’immense joie de partager ce moment avec les autres où le temps est suspendu.
Notre époque est réglée sur le rythme de l’innovation, du tout digital, du toujours plus vite, de la sur consommation, du jetable… A ma façon je dis STOP.
En outre cet outil est complètement mécanique, pas besoin de pile, d’électricité, d’électronique…
Et puis j’ai toujours été fascinée par les portraits que les gens faisaient faire, dans le passé, par des photographes. Avec Marceline je ne peux pas voler de photo, le modèle est totalement impliqué et j’adore ce moment unique et magique.

pourquoi as-tu réalisé le projet photographique « les sauvetois(es) sur les murs » ?

Pendant l’été 2022 à La Sauvetat quand je testais ma toute 1ère afghan box avec des amis, j’ai eu une envie forte de photographier les habitants et de les afficher en grand sur les murs du village. Je voulais rendre visible les anonymes, leur rendre leur fierté et le faire avec une technique modeste (l’afghan box).
Je suis une très grande admiratrice du travail de JR que je suis de puis ses tous débuts, il réalise cela depuis longtemps déjà, il fédère et fait naitre des choses incroyables par exemple dans les favelas de Rio de Janeiro… Mon ambition est beaucoup plus modeste, mais être affiché sur les murs c’est une expérience incroyable. Un portrait à une échelle supérieure à 1 est une claque mais ce n’est pas que cela. C’est aussi participer à un projet, une aventure différente de son quotidien. J’ai pu constaté les effets de visu que cela a produit sur les habitants. Au début ceux qui ont accepté étaient parfois sur la réserve se demandant à quelle sauce ils allaient être mangés . Marceline mon afghan box est un peu impressionnante tout de même. Mais je commence toujours en leur montrant comment cela fonctionne et ainsi ils découvrent le processus photographique et ce rendent compte que c’est très simple. Une fois apprivoisés ils se laissent aller, certain reste sur leur garde et dans ce cas là je ne force rien, d’autre rentre complètement dans le jeu.
Pendant le vernissage j’ai vu les gens emplis de fierté, ceux qui étaient timides sur la réserve lâcher prise et se rendre compte qu’ils avaient participé à cette aventure unique.
Ce projet a créé un vrai lien dans ce petit village, il a réuni des personnes de tous les âges, de tous les horizons qui se connaissaient ou pas ou très peu. Ils ont réalisé qu’ils avaient le droit eux aussi d’être au centre . 
Cela a été pour moi une fantastique expérience humaine. La photographie est un vrai medium humain, social et artistique. voir

tuto afghan box

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